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Les cabanes d’ostréiculteurs du Bassin d’Arcachon sont-elles en danger ?

Depuis vingt ans, Le Routioutiou propose de la dégustation de sa production d’huitres sur place, dans sa cabane qui a pignon sur rue. Mais les propriétaires, le couple Vigier a été condamné par le tribunal correctionnel de Bordeaux ce 13 janvier pour exercice illégal du commerce. Un jugement qui pourrait bien faire jurisprudence dans la profession. 

 

Le couple Vigier, ostréiculteurs sur le port de Larros à Gujan-Mestras a été reconnu coupable de « travail dissimulé par dissimulation d’activité ». Ils devront payer à eux deux une amende de 11000 euros dont 9000 avec sursis

Le Routioutiou, une cabane historique du Bassin

Installé depuis vingt ans sur le Bassin, et jouissant d’une belle renommée, le Routioutiou est l’oeuvre des Vigier, une famille qui voue une véritable passion à l’ostréiculture depuis le début de leur activité en 1846.

Le couple formé par Fabrice et Géraldine, aujourd’hui à la tête de l’entreprise, a décidé  il y a quelques années de proposer sa production à la dégustation face à la mer, dans le cadre idyllique du port de Larros à Gujan-Mestras. Fort de son succès, Le Routioutiou a même du s’agrandir en 2016.

Peu réglementé

Si l’activité de dégustation des cabanes n’était jusqu’alors pas véritablement réglementée, en 2011 un arrêté préfectoral vient clarifier les choses. Celui-ci autorise les conchyliculteurs girondins à accompagner la vente de leurs huîtres de mets bien connus du coin : du pain, du beurre, du vin blanc de la Région ainsi qu’une liste restrictive de produits et des horaires d’ouverture définis. Les ostréiculteurs se doivent également de garder leur activité principale et initiale.

 

A l’été 2017, Fabrice Vigier est épinglé pour avoir pêché vingt bars et trente mulets dans son parc à huîtres, une activité qui peut être considérée comme du braconnage. S’ensuivent deux années et demie d’enquête au terme desquelles l’Urssaf estime que l’activité du Routioutiou relève plus du commerce et de la restauration que de l’ostréiculture, et considère donc qu’elle doit être affiliée à son régime : 300 000 euros sont réclamés aux propriétaires. Géraldine Vigier assure n’avoir, comme tous ses collègues, jamais cotisé à l’Urssaf.

Ostréiculteur ou commerçant?

Le couple Vigier estime que son activité principale reste celle de la conchyliculture. Pourtant, le tribunal correctionnel de Bordeaux ne lui a pas donné raison ce 13 janvier. Il a condamné les époux Vigier à verser 1500 euros de dommages et intérêts et frais de justice à l’Urssaf, ainsi que 11000 euros d’amende dont 9000 avec sursis. Le couple a décidé de faire appel. De surcroît, l’Urssaf leur réclame 398 000 euros d’impayés au titre de leur activité commerciale et non d’ostréiculteur, une demande que le couple compte contester au civil.

 

Pour Géraldine Vigier, la problématique risque fort de se poser à d’autres ostréiculteurs qui pratiquent la dégustation. “Je ne suis pas la cabane qui génère le chiffre d’affaires le plus important sur le Bassin. Tout le monde est en péril. Ils nous ont condamné hier mais sans nous donner de modèle économique.