Bordeaux : la porte Dijeaux fait peau neuve

Après 5 mois de travaux, l’historique porte Dijeaux, monument historique depuis 1921 place Gambetta est désormais complètement rénovée.
D’architecture classique, construite de 1748 à 1753 en pierre de Frontenac, la restauration de la porte Dijeaux a permis de nettoyer le monument encrassé et de rénover ses parements et sculptures.
Toilettage général
Exposée à la pollution automobile avant la piétonnisation de 1974, cette porte emblématique était très encrassée, surtout dans les parties peu lavées (intrados de l’arcade, renfoncements protégés, sous-face des corniches et bossages). Sa restauration a été étudiée au moment du réaménagement récent de la place Gambetta.
Les parements unis et moulurés ont été nettoyés par cryogénie après traitement de l’ensemble par biocide. Les pierres des piliers étaient majoritairement en bon état, les remplacement ont été rares. Les ragréages au ciment ont été piqués et remplacés par des ragréages à la chaux. Les éléments de pierre cassés ont été restaurés soit par ragréage, soit par greffe. Les joints dégradés ont été piochés et restitués à la chaux.
Restauration de sculpture
Les bas-reliefs et les groupes sculptés ont été traités par biocide en plusieurs passes, puis par application de cataplasme à base d’argile. L’application de cataplasme permet de nettoyage mais également le dessalement des ouvrages. Une fois nettoyées, les sculptures ont été minéralisées et renforcées. Sur les frontons, elles ont été restaurées en conservation par ragréages. La création de solins permet désormais l’évacuation rapide de l’eau et préservera les ouvrages exposés. Les groupes sculptés ont également été restaurés par ragréages. Les éléments sculptés ont reçu un hydrofuge et un badigeon d’harmonisation.
Une longue histoire
L’actuelle Porte Dijeaux est la troisième du nom. La première, l’une des quatorze portes de l’enceinte romaine bordelaise du IVème siècle, était une simple ouverture percée dans l’épaisseur de la face occidentale de la muraille, à l’extrémité d’une longue rue droite. Elle aurait été, selon Camille Jullian, la porte de Jupiter, « porta Jovia ».
En 1302, elle fut démolie et une autre reconstruite, dix à douze mètres plus à l’ouest, dans le mur de la nouvelle enceinte, entre deux tours rondes en saillie sur le fossé. Cette porte qui faisait communiquer la ville avec le faubourg Saint-Seurin, servait aussi de défense en cas d’attaque venant du faubourg. Elle remplit d’ailleurs ce rôle en 1650, pendant la Fronde, et résiste douze jours au siège du Maréchal de la Mailleray après qu’il eut, à la tête des troupes royales, occupé le faubourg Saint-Seurin.
Pour continuer les embellissements de Bordeaux effectués par l’intendant Tourny, les jurats décidèrent, en 1746, la création de la place Dauphine (actuelle place Gambetta) entre les anciennes portes du XIVème siècle Dauphine et Dijeaux et, en conséquence, la démolition de la demi-lune au-devant de celle-ci. En fait, la porte elle-même fut aussi détruite et, en 1748, commencèrent les travaux d’érection de la nouvelle œuvre de Nicolas Portier. Elle marque l’aboutissement sur la place Dauphine d’une longue rue droite qui, partant de la place royale ouverte sur le fleuve, n’est autre que l’ancienne artère romaine « decumanus » qui menait à la porte de Jupiter.